Chaque semaine, nous vous faisons découvrir un livre de notre maison.
Cette semaine, nous vous présentons un ouvrage qui a été publié en ce début d’année par TriArtis : Cinq ans d’âge, écrit par Jean-Pierre Klein dans notre collection Sur la scène.
Pièce de théâtre : Un adolescent, coupable d’un délit, est sommé de s’expliquer sur les mobiles qui l’ont poussé à commettre cet acte répréhensible. Il revit devant le juge ses souvenirs à l’âge de cinq ans.
LE LIVRE
Un adolescent, coupable d’un délit, est sommé de s’expliquer sur les mobiles qui l’ont poussé à commettre cet acte répréhensible. Il revit devant le juge ses souvenirs à l’âge de cinq ans. Sa mère cherche désespérément à se
venger du père, marié ailleurs ; elle prend son fils à témoin, le rend complice de ses agissements, lui impose ses ambiguïtés et ses obsessions.
Texte théâtral d’une cruauté comique : on rit, avant de pleurer, avec l’enfant dépositaire de toutes les passions contradictoires et manipulations apparemment innocentes qui s’exercent sous le vernis de l’autorité parentale, judiciaire et « scientifique ».
L’AUTEUR
Jean-Pierre Klein, ancien psychiatre pour enfants, est précurseur de l’art-thérapie en France et directeur de l’Inecat (Institut national d’expression, de création, d’art et thérapie).
Né en 1939. Directeur de 2 collections aux éditions HD (Hermann), il est également auteur de pièces de théâtre et de nombreux livres de réflexion parmi lesquels : « Pour une psychiatrie de l’ellipse, les aventures du sujet en création »
RÉSUMÉ
Clair de lune, c’est l’hiver. La mère de Damien est devant l’interphone. Elle se décide et sonne une fois. Pas de réponse. Elle réitère. Elle sursaute en entendant la voix d’un enfant. Mathieu, environ cinq ans, tonitrue dans l’interphone, ce qui sature le son. Il ne sait manifestement pas se servir de l’appareil.
Voix de Mathieu
Allô, allô, allô…
Il répète « allô » une dizaine de fois, cependant qu’elle tente de se faire entendre. Mère de Damien en même temps que Mathieu, d’abord se superposant, puis s’insérant en contrepoint comme dans un dialogue de « allô ».
Allô, allô, allô… Je voudrais… Je veux parler… Je veux parler à ton papa. Est-ce qu’il est là ? Mathieu ! (Silence soudain dans l’interphone.) Mathieu, tu es bien Mathieu ? (Silence.)Mathieu, est-ce que ton papa est là, mon chéri ? Mathieu, sois gentil, tu m’entends, va chercher ton papa, mon chéri. (Silence.) Mathieu, va chercher…
Elle s’arrête, saisie, car elle entend le père de Mathieu dans l’interphone. Voix du père de Mathieu, surpris.
C’est toi ? Qu’est-ce que tu fais là ? (Elle ne répond pas.) Qu’est-ce que tu veux ? J’étais dans mon bain. Je dégouline. Mère de Damien qui s’est reprise.
Tu te fais beau pour la fête ? Voix du père de Mathieu
Quelle fête ? Mère de Damien
Je voulais juste te souhaiter bonne quarantaine. C’est le jour, n’est-ce pas ? Voix du père de Mathieu
C’est sûrement pas l’heure. Elles vont arriver. Mère de Damien
Je sais. Ta femme va arriver. Ta femme va arriver avec ta grande fille qu’elle est allée chercher au collège. Ensuite, elles vont, toutes les deux, préparer amoureusement un bon quatre-quarts. Et tu vas souffler les quatre grosses bougies de ta bonne quarantaine. Et moi, je suis le cinquième quart ?
Silence. Voix du père de Mathieu
C’est pas le moment. On se voit mercredi.