Notre-Dame

Lundi 15 avril 19h00. Je traverse la passerelle des Arts et vois une longue fumée blanche monter entre les deux tours de Notre-Dame. « La charpente est en feu » dis-je à l’amie qui m’accompagne. Incrédules, nous remontons le quai de Conti vers la place Saint-Michel.
19h10. Quai des Grands Augustins. Le doute n’est plus permis. Des flammes rougeoient sur le toit au-dessus du bras nord du transept, des volutes tourbillonnantes jaunes s’élèvent au milieu de la fumée grise qui envahit le ciel.
19h30. Rue du haut pavé. Médusée, j’assiste impuissante à l’embrasement de la flèche ; le feu se propage rapidement sur la toiture de la nef. Soudain, dans un fracas assourdissant, la flèche s’effondre sur elle-même et disparaît dans les profondeurs de la nef.
19h45. Plus de flèche ; plus de toiture ; plus de charpente. Vision de désolation … Dire que le feu paraît pourtant si beau sous la plume de Victor Hugo :
« Sur le sommet de la galerie la plus élevée, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme désordonnée et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumée. […] Au-dessus de la flamme, les énormes tours, de chacune desquelles on voyait deux faces crues et tranchées, l’une toute noire, l’autre toute rouge, semblaient plus grandes encore de toute l’immensité de l’ombre qu’elles projetaient jusque dans le ciel. Leurs innombrables sculptures de diables et de dragons prenaient un aspect lugubre. La clarté inquiète de la flamme les faisait remuer à l’œil. Il y avait des guivres qui avaient l’air triste, des salamandres qui soufflaient dans le feu, des tarasques qui éternuaient dans la fumée. »
(Notre-Dame de Paris, livre X, chap. IV)

Publié le 18 avril 2019 par Soracha


Soracha
Au coeur du 5e ,
Censier-Daubenton