A l’approche des Journées européennes du Patrimoine, saviez-vous que notre quartier avait accueilli une prison pendant plus de 100 ans ?
En 1662, entre la rue de la Clef et la rue du puits-de-l’hermite fondée par la « Fondation des filles repenties » elle fut tout d’abord un couvent, elle devint vite une maison de détention et de refuge pour les prostituées.
En 1790, Sainte-Pélagie devint Maison d’arrêt, recevant tous les « exclus » de la grande Révolution (en premier les royalistes, en dernier les républicains), puis prison départementale en 1811 elle accueillait principalement :
- des royalistes puis des révolutionnaires et enfin des républicains (dont beaucoup d’anarchistes) ;
- des médecins, des peintres, des écrivains, des hommes politiques, des scientifiques, des officiers, des pamphlétaires… une bonne partie de l’intelligentsia française. « Que du beau linge ! » aurait dit Madame Sans-Gêne. On pourrait encore citer Dumas : « Effectivement, Sainte-Pélagie, finit par ressembler, en mieux, à un quelconque Bottin mondain »
De nombreux prisonniers célèbres sont passé par cette prison :
Manon Roland, première femme épouse de l’ancien ministre et idole des Girondins, qui dira : « Moi la seule femme dans cette geôle ! Quelle horreur et quel honneur » ; Jean-Désiré-Gustave Courbet, Jules Vallès, Eugène-François Vidocq, ou encore le marquis de Sade, pour qui Sainte-Pélagie fut la dernière étape avant l’asile où il finit ses jours.
Atypique, compte tenu de sa première vie de couvent, les détenus circulent librement. Les politiques sont libres de leurs déplacements et peuvent discuter dans leur préau, s’y asseoir selon leurs envies et même s’installer dans des sortes de salles réunions où manger et discuter ensemble.
Les journées s’organisaient autour des repas de 9h et 16h suivis des temps de promenades. Elles se font en file, pour les correctionnels dans la cour de la Détention, de 9h30 à 10h et de 16h30 à 17h. Un coup de cloche mettait fin à la déambulation qui se faisait aux mêmes horaires dans la cour des dettiers. Les simples polices faisaient leur promenade avant les repas de 7h à 8h et de 14h à 15h. La Messe, le dimanche est à 7h45. Le Parloir est au rez-de-chaussée près du guichet central, pour 16 détenus. Les visites se font le jeudi et le dimanche, de midi à 2 heures.
« Quand il pleut, ils se tiennent dans une vaste salle située au rez-de-chaussée, composée de sept à huit chambres dont on a jeté les refends par terre tout en conservant des portions de gros murs, salle basse dont les pavés se soulèvent, qui offrent partout des angles obscurs que pénètre bien difficilement l’œil des gardiens… »
Malgré cette ambiance à première vue « conviviale », plusieurs soulèvements sont à noter …
Une nuit d’émeutes du : François Arago et Étienne Arago, Louis Blanc, Victor Schœlcher, Alexandre Ledru-Rollin, Auguste Blanqui et Godefroy Cavaignac, ; pendant laquelle tous les habitants d’une maison de la rue Transnonain, d’où était parti un coup de feu, furent massacrés par l’armée. Cet événement inspira le « massacre de la rue Transnonain », célèbre dessin d’Honoré Daumier. Le 16 avril, 164 « conjurés » sont arrêtés et transférés à Sainte-Pélagie, sans aucun jugement.
On raconte également qu’un souterrain, qui partait d’un hôtel particulier du 7 rue Lacépède, communiquait avec la prison Sainte-Pélagie .
Il permit l’évasion le 12 juillet 1834 de 28 détenus des 164 « conjurés » de cette prison parisienne réputée pourtant « infranchissable ».
« La grande évasion » pour notamment Marrast rédacteur à la « Tribune », Godefroy de Cavaignac rédacteur à la « Réforme » , Maitre Berryer, avocat, compromis dans un procès politique ou encore du général Sarrazin pousuivi pour trigami et propriétaire un temps du dit hôtel particulier.
Devenue insalubre, Sainte-Pélagie sera finalement démolie entre 1898 et 1899.
SOURCES : wikipedia ; nautesdeparis.fr ; pietondeparis
Publié le 12 septembre 2018