Avant même la création de l’enceinte Philippe Auguste, Charles le Chauve prescrit la construction de forteresses en tête des deux ponts de Paris en 877. Elle était divisée en deux, “Grand Chatelet“, rive droite ; et le “Petit Chatelet“, de notre coté rive gauche, qu’on rejoignait par le Petit Pont. L’ensemble de l’édifice avait pour but de protéger l’île de la Cité des invasions Viking.
Après 1190, le Châtelet devint le siège de la prévôté de la capitale. Cet ensemble était un lieu sinistre doté d’une prison, d’une morgue et de salle de tortures.
Le haut du gros donjon abritait les chambres à pistoles (espace réservé aux prisonniers payants) et au premier étage s’étendait une grande salle où pouvaient s’entasser les plus pauvres, « les pailleux ».
En contrebas se trouvaient les cachots souterrains, affublés de noms sinistres, tels que la fosse, le puits, la barbarie, la fin d’aise, l’oubliette (on y faisait descendre le détenu à l’aide d’une corde et d’une poulie) ou la chausse d’Hypocras (perpétuellement les pieds dans l’eau, le détenu ne pouvait ni se tenir debout ou couché), il croupissait ainsi jusqu’à ce que le sous-sol soit inondé avec les eaux de la Seine voisine.
Proche de la grande boucherie, les cris des bêtes égorgées se mêlaient aux hurlement des torturés, aux plaintes des prisonniers, l’odeur âcre de la morgue se confondait avec les relents de sang caillé. Il en faisait un des quartiers de Paris les plus redoutés.
En 1780, Louis XVI ordonne la fermeture et la démolition du Petit Châtelet, qui sera effective en 1782.
Aujourd’hui malgré les réaménagements du quartier, il reste des traces de ce sinistre monument, notamment dans les caves du Caveau des Oubliettes, pub de la rue Galande.
Nous pouvons y lire les inscriptions d’anciens suppliciés : « je seroi pendu », « À mort Marat » … les anciens propriétaires du cabaret l’avait même « décoré » d’une guillotine qui avait été utilisée pendant la Révolution de Nantes en 1793.
Êtes-vous toujours prêts à faire la fête rue Galande ?
Sources : www.justice.gouv.fr "Metronome" de Lorant Deutsch
Publié le 28 octobre 2021